Retrouvez notre récit sur la région reculée Est de Cuba. Au milieu de la brume et de l’écume qui se fracasse contre son rivage, Baracoa offre aux voyageurs curieux une immersion totale en terres cubaines. Un road trip d’un mois à Cuba vous laissera le temps nécessaire pour rallier l’extrémité Ouest à Est. N’ayez pas peur de sortir des sentiers battus et de vous rendre aux confins de Cuba, vous n’en serez qu’émerveillé.
Depuis les hauteurs de Baracoa
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De Santiago à Baracoa, l’extrémité Est de l’île de Cuba saura ravir les voyageurs et aventuriers avides de découverte. Ceux qui sont prêts à se rendre aux confins de son histoire, là où les premières gouttes d’encre ont été versées. Là où sa patrie a vu naître le jour. Se rendre à l’Est c’est s’affranchir des vitrines touristiques des villes de l’Ouest pour peu que l’on accepte de parcourir la totalité de la route qui mène jusqu’à ses limites terrestres.
Dès l’arrivée aux abords de Bayamo située à 80 km à l’ouest de Santiago, les silhouettes du Pico Turquino et d’El Yunque se laissent deviner au loin dans la Sierra Maestra. Symbole de la lutte révolutionnaire où les « barbudos » s’étaient réfugiés avant de renverser Batista, elle offre aujourd’hui de très belles randonnées pouvant parfois proposer un itinéraire permettant aux marcheurs les plus dégourdis et avisés de rallier le versant sud à la mer des Caraïbes.
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Au sud de la cordillère de la Sierra, Santiago de Cuba se trouve être une halte bien méritée sur ce chemin au goût de pèlerinage. Santiago de Cuba ferait presque oublier que nous sommes bel et bien à Cuba. Une ville aux rues animés, plus propres qu’ailleurs. Malgré ses apparences de petite sœur de la Havane, à Santiago la musique semble résonner comme ce que la lumière est aux arbres. Une nécessité intemporelle et vitale. Comme un poumon a besoin d’air, Santiago vibre jour et nuit sur le tempo de la salsa et du boléro. Ville agitée et rebelle elle n’en reste pas moins attachante. C’est un véritable bouillon de culture où toutes les civilisations, piliers de la nation, semblent s’être retrouvées : espagnols, jamaïcains, haïtiens, français, africains etc… se rassemblent dans les ruelles délabrées pour danser au son de balades traditionnelles.
Pour rallier Baracoa et se perdre dans la culture de l’île, le meilleur moyen est de prendre un bus local. « Viazul » est l’une des compagnies qui propose ce trajet. Le contraste entre les bus semi moderne et les charrettes des guajeros croisées le long de la route est sans appel. Au rythme des lacets serrés de l’asphalte, à mesure que l’on s’éloigne de Guantanamo les panoramas défilent et changent. Les champs de cannes à sucre sont remplacés par les bananeraies. C’est sans doute cette dernière route, celle qui semble avoir un gout de bout du monde, qui propose une variation de paysages des plus attachante. Elle me berce et me promet un voyage que je n’oublierai pas. A sa façon elle nous signale que notre aventure va s’intensifier. Qu’encore une fois, nous devons lâcher prise et nous laisser guider. Alors je l’écoute et j’observe les arbres danser à travers la fenêtre du bus. Les conditions climatiques les accompagnent au fil de leur transformation, vent chaud et sec, soleil brûlant, nuages chargés en embuscade autour des sommets, air humide et électrique… Ce trajet ne me fatigue pas, il me stimule. J’attends Baracoa depuis trop longtemps maintenant.
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L’accès à cette région isolée est difficile, et il n’est pas rare de voir défiler sur la route des moyens de locomotion improvisés, à pied, à dos d’âne ou à cheval… C’est après avoir parcouru les 150 km qui séparent les deux villes (Guantanamo de Baracoa), longeant la côte, sillonnant les cols de montagne, cachée à l’ombre des pins et des palmiers, à la limite physique Est de Cuba que se dresse la sauvage Baracoa. Ce sont ses côtes que Christophe Colomb a foulé en premier. C’est ici que les conquistadors ont fondé la première ville de l’île en 1511. Un passé lourd et chargé. Baracoa semble cependant être une ville endormie, comme si le temps était suspendu aux branches des cocotiers qui bordent sa région. Arriver dans ses rues demande une détermination qui ne flanche pas. Long trajet en bus ou avion depuis la Havane sont nécessaires pour accéder à ce petit écrin de nature préservé.
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Les maisons en bois battues par les vents et les ouragans nous rappellent sans cesse que rien ne perdure. Une certaine nostalgie flotte dans l’air. Et je ne pourrai dire ce qui en est à l’origine. Sans m’en rendre compte, je constate, comme une évidence, qu’il y a quelque chose de personnel dans cette ville. Sans doute le fait qu’elle soit si éloignée ? Je ne pourrai expliquer avec des mots qui sonnent « juste » ce sentiment qui m’envahit. Entre tristesse douce et euphorie. Comme si les contraires avaient le droit d’être libres ensemble ici.
Cette terre oubliée ne nous déçoit pas. Ses habitants sont joyeux, comme partout à Cuba. Mais ici, encore une fois, c’est différent. On se sent comme cet vieille ami que l’entourage est heureux de revoir. Vous savez celui qui part toujours loin et qui doit nous raconter le monde entier ? Et bien, c’est un peu comme ça que les habitants vous font vous sentir… Comme celui que l’on attend.
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Flânez le long de ses rues ou de la promenade qui longe le littoral. Sentez la fraîcheur de l’écume courir sur votre visage, goûtez à cet air salé comme si c’était la première fois. Comme si vivre, ici, était différent. Le ciel chargé nous rappelle sans cesse qu’ici la météo peut changer d’un moment à l’autre et surtout qu’elle n’est pas toujours été très tendre avec la région. Il suffit d’observer les rues, les maisons et immeubles qui nous entourent pour s’en rendre compte. Ici plus qu’ailleurs les éléments semblent s’être acharné sur cette terre, ne laissant que peu de répit à ses habitants qui ont la force de composer avec les dérives de la nature.
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La découverte de la ville, de sa côte et de sa région, a marqué pour nous la fin de notre aventure cubaine. Nous avons par la suite pris un bus pour rejoindre la Havane avant de quitter cet îlot de rêve. Je pense souvent à elle. A tous ces visages, à cette terre brute qui me rappelle que l’authentique existe encore sur cette Terre. Et encore une fois que l’émerveillement et la rencontre avec le Monde ne dépendent que d’une seule personne, nous même.
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26 Comments
Merci pour le partage !
Merci pour ces articles qui donnent une bonne idée de ce que peut représenter un voyage à Cuba et qui me donnent envie d’y aller vite vite… avant qu’il perde toute son authenticité !
Karine
une région que je n avais pas encore lu dans les récits de Cuba
une autre Cuba
c est chouette de voir que c est encore possible de voir cela
est ce qu un jour j aurais l occas d aller à Cuba ….
Julie
Et la phrase de fin fait tellement écho en moi ❤